L'organisation sociale ancienne [modifier]
Les communautés anciennes se structurent sur leurs lignages. Vivant sur des territoires restreints, ces populations n'ont pas besoin d'organisation politique. Quant à leur organisation sociale, elle se base sur le respect des coutumes et des ancêtres morts. L'autorité s'y excerce oralement par le partage de ces traditions. On trouve toujours de telles populations dans le nord-ouest du pays : Berba, Kabyè ou Tanéka.
Lorsque plusieurs lignées se regroupent, elles se structurent en chefferies. Le chef peut être un représentant d'une famille ancienne ou un prêtre. Il s'entoure de dignitaires, chargés chacun d'une activité collective et formant un conseil.
A partir du XVe siècle, la structure sociale se complexifie et des royaumes apparaissent. Il s'en est dégagé 3 grandes aires culturelles : Bariba au nord, Yoruba et Aja-Ewé au sud.
Les royaumes Bariba (très brève présentation) [modifier]
Le nord du pays a connu plusieurs royaumes bariba et notamment le royaume de Nikki. C'est à partir de ce village du nord-est qu'une dynastie, créée au XVIe siècle par Sunon Séro, étendit sa domination sur la région. Son dernier roi, Séro Kpéra, meurt en 1831 en combattant aux côtés des Yorubas d'Oyo (Nigeria) les attaques des Peuls. Le royaume est désorganisé quand les armées coloniales l'envahissent à la fin du XIXe siècle.
Leurs sociétés sont structurées en classes sociales strictes : nobles guerriers, griots, agriculteurs roturiers, artisans et esclaves. Les Bariba se retrouvent autour de la fête de la GANI. C'est une fête culturelle et identitaire célébrée chaque année dans tout le royaume bariba autour du Sina Boko de Nikki.
Les royaumes Yoruba [modifier]
L'aire d'influence des Yoruba couvre l'est du pays. Leur royaume le plus remarquable est celui de Kétou. Fondé par Edé, il est encore en plein essor quand il entre en guerre avec le royaume d'Abomey en 1886.
Les royaumes Aja-Ewé [modifier]
Selon d'ancienne tradition orale, les Aja-Ewé émigrent à partir du XIVe siècle de la ville de Tado, située sur les rives du fleuve Mono au Togo. Ils établissent dans le sud 2 royaumes : à Sahè ou Savi, et à Davié correspondant à l'actuelle ville d'Allada.
Vers 1620, les héritiers du royaume d'Allada se disputent le trône. De leur scission découle la formation de 2 royaumes supplémentaires. Au sud-est, Zozérigbé crée le royaume de Hogbonou dans la localité d'Adjatché, future Porto-Novo. Et au nord, Houégbadja (1645-1689) institue le royaume du Dahomey, à partir de sa capitale Abomey.
Au XVIIIe siècle, une série de conquêtes se fait sous l'autorité de 12 rois traditionnels, à commencer par Gangnihessou. En 1724, Agadja (1708-1732) roi du Dahomey s'empare du royaume d'Allada. Puis, en 1727, il soumet celui de Savi. En 1741, c'est au tour de Ouidah de tomber sous le joug de son successeur Tegbessou. Le pays dispose désormais d'une large fenêtre sur la mer. Le royaume a pris l'habitude d'échanger, commercialement et politiquement, avec les Portugais et les Néerlandais, arrivés à la fin du XVe siècle. Le Dahomey devient une entité politique organisée, très originale dans la région. Le royaume en est une puissance dominante. Le roi Houégbadja a même à sa disposition un contingent de femmes amazones, anciennes chasseresses d'éléphants. C'est une société complexe, raffinée, efficace mais aussi cruelle et sanglante, notamment lors des funérailles royales qui s'accompagnaient de sacrifices humains.
Dès le XVIIe siècle, ces royaumes, qui se structurent autour des villes d'Allada, Hogbonou et Abomey, prospèrent avec le développement du commerce local. Et l'une de leurs activités qui se base sur la traite des esclaves intéresse les négriers européens. Néerlandais, Portugais, Danois, Anglais, et Français installent le long de la « côte des Esclaves » des comptoirs commerciaux.
1650 : construction d'un fort anglais à Ouidah
1664 : installation de missionnaires capucins bretons à Ouidah
1704 : construction d'un fort français à Ouidah
1752 : installation des Portugais à Hogbonou qu'ils rebaptisent Porto-Novo en 1782
Dans la première moitié du XIXe siècle, le roi Guézo du Dahomey donna à la richesse de son royaume d'autres fondements que le commerce des esclaves, développant la culture du palmier à huile afin de répondre à la demande européenne et introduisant de nouvelles cultures d'origine américaine (maïs, tomate, arachide, tabac). Des villages réguliers et propres, et des cultures bien ordonnées couvrent le pays.
Colonisation [modifier]
Dès 1851, la France signa un traité commercial et d'amitié avec le chef de Porto-Novo, vassal du roi Glélé du Dahomey, qui régna de 1858 à 1889.
Par les traités de 1868 et de 1878, la région de Cotonou, située entre Ouidah, comptoir portugais, et Porto-Novo, fut cédée à la France.
En 1883, le roi de Porto-Novo, souhaitant se protéger des visées expansionnistes du Dahomey, signa un traité de protectorat avec la France.
L'un des rois les plus mythiques du royaume du Dahomey, le très noble roi Béhanzin (ayant pour emblème le requin) attaqua en 1890 les Français à Cotonou, garda 73 jours des otages français, puis assiégea d'autres villages porto-noviens protégés des Français. Il déclara même aux Français de le laisser tranquille, défiant fièrement : « Si vous voulez la guerre, je suis prêt ». L'insolence de Béhanzin, envers les Français fut jugée intolérable et surtout opportune, une bonne occasion pour les Français d'en finir avec ce royaume.
Béhanzin fut capturé en janvier 1894 et déporté en Martinique. Les établissements français furent regroupés au sein de la colonie du Dahomey. Dans le Nord, le royaume bariba de Nikki, qui avait atteint son apogée au XVIIIe siècle avant de se heurter à l'expansionnisme du royaume nigérian d'Ilorin, opposa une vive résistance à la colonisation française.
En 1899, le Dahomey intégra l'Afrique-Occidentale française (AOF) (voir Français, empire colonial). Les frontières furent établies selon un accord commun avec la Grande-Bretagne (fixée alors au Nigeria) et avec l'Allemagne (présente alors au Togo).
Après la première guerre mondiale, la scolarisation prend beaucoup d'importance (notamment grâce aux missions religieuses) et se développe surtout dans le sud qui deviendra un des principaux foyers politiques et intellectuels de l'AOF. C'est à cette époque que furent fondés de nombreux partis politiques, tandis que se développait une presse d'opposition au système colonial. Rallié à la France libre durant la Seconde Guerre mondiale, le Dahomey devint un État autonome au sein de la Communauté française en 1958. Le pays accéda à l'indépendance le 1er août 1960 et entra, le mois suivant, aux Nations unies.
L'indépendance [modifier]
Voir sur Wikisource : Bénin.
Depuis l'indépendance, le Bénin a connu une histoire politique mouvementée. Les douze premières années furent marquées par une instabilité chronique, les anciennes élites coloniales, pour la plupart originaires du Sud, se disputèrent le pouvoir.
En 1963, le nord du pays veut sa revanche, tandis que les élites et la nouvelle bourgeoisie semblent peu préoccupées par les nombreux défis du sous-développement. C'est à cette période qu'un certain colonel Christophe Soglo (l'oncle de Nicéphore Soglo) arrive sur la scène politique du pays, en forçant Hubert Maga, premier président du Dahomey indépendant, à démissionner. En six ans, on enregistra quatre coups d'état, perpétrés tour à tour dans un régime militaire bon enfant (dans l'ensemble).
En 1970, un Conseil présidentiel constitué de trois membres, Maga, Apithy et Ahomadégbé (une présidence tournante à trois) prend le pouvoir et suspend la Constitution. La ronde des présidents n'a pu se faire. En effet, seul Maga a pu passer les 2 ans retenus à la tête du Dahomey. A peine Ahomadégbé a-t-il entamé son tour de direction en 1972 que l'armée, sous la direction du capitaine Mathieu Kérékou, décide de reprendre en main le gouvernement, destitue le Conseil présidentiel, et Mathieu Kérékou devient le chef de l'état du Dahomey. Il est rapidement nommé commandant. Mais les militaires se trouvent désemparés, sans programme et sans idées. Leur pouvoir est vide et c'est dans ce vide que vont s'engouffrer les idées des jeunes militaires et des étudiants qui ont vécu en France la période de mai 68.
La république populaire du Bénin (1974/1990) [modifier]
Ainsi, en novembre 1974, Mathieu Kérékou décide de diriger le pays dans une voie marxiste-léniniste. Le peuple n'en revient pas, les notables et autres diplomates restent abasourdis par la nouvelle.
En 1975, pour réduire le poids politique du Sud, le nom de Dahomey fut symboliquement abandonné pour celui de Bénin, du nom du royaume qui s'était autrefois épanoui au Nigeria voisin. Le pays devient la « République populaire du Bénin ».
Mathieu Kérékou interdit le vaudou (paradoxalement, Mathieu Kérékou lui même aura des années plus tard un marabout personnel), la religion traditionnelle bien implantée dans le Sud. Une nouvelle Constitution, instaurant un régime à parti unique, fut promulguée en 1977. La même année, une tentative de coup d'État appuyée par des mercenaires échoue et durcit le régime qui devient militaro-marxiste. Malgré tout, le marxisme-béninisme s'avère moins mauvais que d'autres, et on s'apitoie davantage sur le sort des voisins Togolais que sur le sien.
Le Bénin tenta de vastes programmes de développement économique et social mais sans de bons résultats à l'arrivée. Signe de pragmatisme et de modération, les trois anciens présidents, Maga, Apithy et Ahomadégbé (emprisonnés en 1972) furent libérés en 1981.
Élu président par l'Assemblée nationale révolutionnaire en 1980, réélu en 1984, Mathieu Kérékou échappe à trois tentatives de coup d'État en 1988.
En 1987, les plans du FMI imposent des mesures économiques draconiennes : prélèvements supplémentaires de 10% sur les salaires, gel des embauches, mises en retraite forcées. En 1989, un nouvel accord avec le FMI sur un programme d'ajustements des structures économiques provoque une grève massive des étudiants et des fonctionnaires, réclamant le paiement de leurs salaires et de leurs bourses.
En cette fin des années 1980, le pouvoir populaire n'a guère plus que quelques milliers de convaincus, une petite douzaine dit la rumeur. On finit par se demander s'il y a encore quelqu'un qui croit vraiment à ce marxisme proclamé du jour au lendemain (sans que l'ex-Union soviétique y ait imposé quelque chose). C'est ainsi que les troubles sociaux et politiques vont conduire Mathieu Kérékou à renoncer à l'idéologie marxiste-léniniste et à accepter l'instauration d'une Conférence nationale, réunissant les représentants des différents mouvements politiques.
On ne garde de l'ancien régime que le nom de Bénin qui sonne bien. La conférence est une véritable réussite démocratique. Mathieu Kérékou déclare même : « j'accepte toutes les conclusions de vos travaux ». Une nouvelle constitution est établie.
Un gouvernement de transition, mis en place en 1990, ouvre la voie au retour de la démocratie et du multipartisme. Le Premier ministre, Nicéphore Soglo, bat Mathieu Kérékou à l'élection présidentielle de mars 1991. Mathieu Kérékou s'en va « sans bruit » et devient donc l'un des rares présidents militaires parvenu par un coup d'état à être éliminé démocratiquement.
Les années du renouveau [modifier]
Nicéphore Soglo rétablit le vaudou pour se concilier les pouvoirs traditionnels et fait du 10 janvier de chaque année la Journée nationale du vaudou. Cependant les ajustements structurels et la compression des dépenses publiques recommandées par le FMI viennent raviver le mécontentement général de la population. De plus, les trafics clandestins traditionnels s'épanouissent au grand jour (whisky, essence, ciment, voitures…)
Après avoir perdu sa majorité au sein de l'Assemblée législative, le président Nicéphore Soglo, accusé de népotisme par ses adversaires, est battu par Mathieu Kérékou à la présidentielle du 17 mars 1996. C'est un choc pour Nicéphore Soglo qui après avoir crié au complot, envoie ses félicitations à Mathieu Kérékou et s'en va méditer plus de quatre mois, hors d'Afrique, les raisons de ses erreurs fatales.
Démocratiquement, Mathieu Kérékou est de retour sur la scène politique béninoise, après avoir dirigé le pays pendant dix-sept années (de 1972 à 1990) dans le fiasco politique et économique de la désormais ancienne « République populaire du Bénin ».
Les élections législatives de mars 1999 donnent de justesse la victoire à la Renaissance du Bénin (RB), le mouvement de l'opposition dirigé par Rosine Soglo, épouse de l'ancien président Nicéphore Soglo. Ces élections marquent l'échec du Mouvement Africain pour la Démocratie Et le Progrès (MADEP), le Parti d'un des proches du Président Kérékou, l'homme d'affaires Séfou Fagbohoun.
Cependant, en mars 2001, Mathieu Kérékou est réélu président de la République avec 84,06% des voix. Arrivé en tête au premier tour, face à son prédécesseur Nicéphore Soglo, il sera confronté au désistement de ce dernier ainsi qu'à celui d'Adrien Houngbédji arrivé en troisième position. Ces deux candidats démissionnaires ont qualifié le scrutin de « mascarade ».
Terni par des soupçons de fraudes électorales et âgé de soixante-sept ans, Mathieu Kérékou entame donc un second mandat consécutif dans des conditions économiques fragiles.
L'espoir Boni Yayi [modifier]
Depuis 2001, les difficultés économiques n'ont cessé de s'amplifier au Bénin, que ce soit dû aux difficultés économiques du Port autonome de Cotonou, au choc pétrolier, à la crise du secteur du coton, à la contrebande très étendue, aux personnels administratifs trop nombreux ou encore aux graves crises d'électricité créées par les sècheresses. Le Bénin est dans une période économique difficile que seule l'agriculture, très diversifiée parvient à maintenir compétitif face à ses voisins.
C'est ainsi que lors des élections de mars 2006, les Béninois ont décidé d'exprimer leur « ras-le bol » et que le novice en politique, l'ancien président de la Banque ouest africaine de développement(BOAD), le Dr Boni Yayi succède à la surprise générale à Mathieu Kérékou avec 75% des suffrages (notons un taux de participation fort de 76%)
Mathieu Kérékou qui a refusé de changer la Constitution pour pouvoir se représenter, n'en était pas moins opposé à Boni Yayi, trop novice à son goût.
En effet, à quelques jours des résultats l'ancien président, surnommé le caméléon, a plongé le pays dans le doute, en affirmant publiquement que lors du déroulement de l'élection il y avait eu des dysfonctionnements dans l'organisation, avec des problèmes de listes électorales et de cartes d'électeur.
Malgré cela, la coordination des observateurs internationaux indépendants s'est félicitée au cours d'une conférence de presse à Cotonou, du déroulement du second tour de l'élection présidentielle au Bénin, jugeant qu'il avait été de « très bonne tenue ».
Politique du Bénin [modifier]
Article détaillé : Politique du Bénin.
Le 6 avril 2006, le nouveau président de la République du Bénin, le Dr Boni Yayi, 54 ans, est officiellement installé dans ses fonctions à Porto-Novo.
Le nouveau président qui prône une « République coopérative et solidaire », a énuméré les quatre priorités de son mandat que sont les ressources humaines, une gouvernance concertée, le développement de l'esprit d'entreprise, la construction de nouvelles infrastructures.
L'ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) est élu président de la République à l'issue du deuxième tour de scrutin le 5 mars 2006, rassemblant 74,51% des suffrages, contre 25,49% pour Me Adrien Houngbédji, qui a présenté ses félicitations au nouvel élu.
Candidat indépendant, Boni Yayi a su rallier les ténors de la politique béninoise que sont Albert Tévoédjrè, Emile Derlin Zinsou et une vingtaine de députés à l'Assemblée nationale, avant de bénéficier des consignes de vote de presque tous ses concurrents du premier tour, à l'issue duquel il totalisait un peu plus de 35%, contre 24% pour son poursuivant Me Adrien Houngbédji.
Apparemment, les consignes de vote ont été suivies. Toutefois, certains observateurs estiment qu'avec ou sans consignes, le « candidat du changement » serait passé. Aux yeux des électeurs et plus particulièrement des jeunes et des milieux d'affaires, Boni Yayi (économiste) incarne l'espoir d'une reprise économique, l'amoindrissement du chômage, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance.
Le successeur de Mathieu Kérékou a promis un taux de croissance à deux chiffres (environ 5% actuellement) et le positionnement du Bénin en tête des producteurs du coton ouest-africains à partir de la campagne agricole 2006-2007.
Quoique entouré de toute la classe politique, le docteur Boni Yayi se refuse de faire de la politique politicienne. « Nous sommes venus pour produire de la richesse », dit-il, refusant de constituer un « gouvernement de remerciement ». Cependant, des sources bien informées indiquent qu'il a demandé aux partis politiques de lui proposer des cadres pour la formation du gouvernement.
Les élections législatives du 31 mars 2007 donnent la majorité à la Force Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe).
